La Nouvelle République le 10/09/2020
L’entreprise Terenui de Bracieux équipe en logiciels les services de réanimation des hôpitaux. Un outil qui s’est montré réactif pendant la pandémie.
Le Covid-19 a mis à rude épreuve les services de réanimation des établissements de santé au printemps. Les équipes soignantes ont dû modifier au pied levé leurs protocoles de soins habituels. Elles ont pu compter sur le professionnalisme de l’entreprise Terenui pour adapter ses logiciels de suivi des patients durant la crise sanitaire.
Cette PME développe ces outils informatiques pour les soins critiques (réanimation, anesthésie et bloc opératoire) des hôpitaux et cliniques. « Lors de la création de Terenui, en 1998, nous revenions d’un séjour de trois ans en Polynésie pendant lequel le projet a mûri. Terenui signifie “ grand voyageur ” en tahitien… et créer une entreprise dans le domaine de la santé était tout autant synonyme d’aventure et de découverte, d’où le nom », expliquent Christophe Heuberger, directeur de la société, et sa femme Joëlle, responsable administrative et des marchés publics. Et c’est à Bracieux qu’ils ont décidé d’installer leur PME.
Relever le challenge de la réanimation
L’entreprise a commencé en créant des logiciels pour les services d’anesthésie, avant d’étendre son champ d’activités sur la gestion du bloc opératoire. « En 2009, l’un de nos clients nous a demandé si nous étions capables de fabriquer un logiciel pour la réanimation. Afin de nous rendre compte si c’était faisable, nous avons passé trois semaines en immersion dans la clinique Geoffroy Saint-Hilaire à Paris. Nous suivions les réanimateurs pour voir comment ils travaillaient. Avant l’arrivée du logiciel, l’équipe soignante utilisait des pancartes en papier qui étaient installées dans chaque chambre des patients, permettant la surveillance globale du malade. Mais cela prenait beaucoup de place. Il pouvait aussi y avoir des problèmes de traçabilité, de retranscription et des risques d’erreurs. La clinique voulait en finir avec le papier. »
Avec son expérience déjà acquise dans d’autres services médicaux, Terenui a relevé le challenge pour la réanimation. « Nous avons dû faire évoluer notre base de données. La réanimation est le point de rencontre de toutes les complexités, reconnaît Christophe Heuberger, ingénieur de formation. En 2011, nous avons déployé notre logiciel Grimoires dans le service de réanimation de la clinique Geoffroy Saint-Hilaire. » Ce logiciel permet d’avoir un suivi bactériologique, des constantes, des dispositifs implantables, une connexion des respirateurs…

A l’Institut Gustave-Roussy, à Villejuif, Christophe Heuberger, dirigeant de la société Terenui, présente une nouvelle fonctionnalité de Grimoires, avec André Gavoille, chef de projet transition et informatique et Sandra Larcher, infirmière coordonnatrice du service réanimation. © Photo Terenui
Une douzaine de services de réanimation équipés
Forte de ce succès, l’entreprise a alors entamé un tour de France des services de réanimation des hôpitaux pour promouvoir son produit. « Il n’y a pas énormément de concurrence dans ce secteur. Pour la réanimation, Philips et General Electric se partageaient le marché jusqu’en 2008. En 2014, nous avons participé à un congrès de la réanimation durant lequel nous avons pu montrer notre logiciel. » Depuis 2017, sur les neuf appels d’offres publics visant à équiper des services de réanimation en logiciels, Terenui en a décroché huit.
En France, 380 établissements ont un service de réanimation. Parmi eux, une centaine est informatisée. « A ce stade, nous avons équipé une douzaine de services de réanimation public-privé en France. Nous sommes en train d’équiper le centre hospitalier de Mayotte. Nous avons des appels d’offres en cours et nous commençons à être référencés en centrale d’achat », confient Christophe et Joëlle Heuberger.
La pandémie pourrait accélérer la mise en place de ces logiciels dans les réanimations, « alors que jusqu’ici, il y avait toujours eu un frein à équiper ces services. Pendant la crise sanitaire, nous nous sommes rendus compte que le logiciel avait supporté la charge. En moyenne, un patient Covid admis en réanimation reste 22 jours dans le service. »
Avec aujourd’hui un effectif de 15 personnes, l’entreprise Terenui table sur un chiffre d’affaires prévisionnel 2020 de 1.000.000 €.